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nomme aujourd’hui la tuberculose, le mal qui ronge, brûle et détruit par milliers les hommes, semble avoir choisi cette côte pour y achever ses victimes.

Comme de tous les coins du monde on doit la maudire cette terre charmante et redoutable, antichambre de la Mort, parfumée et douce, où tant de familles humbles et royales, princières et bourgeoises ont laissé quelqu’un, presque toutes un enfant en qui germaient leurs espérances et s’épanouissaient leurs tendresses.

Je me rappelle Menton, la plus chaude, la plus saine de ces villes d’hiver. De même que dans les cités guerrières on voit les forteresses debout sur les hauteurs environnantes, ainsi de cette plage d’agonisants on aperçoit le cimetière au sommet d’un monticule.

Quel lieu ce serait pour vivre, ce jardin où dorment les morts ! Des roses, des roses, partout des roses. Elles sont sanglantes, ou pâles, ou blanches, ou veinées de filets écarlates. Les tombes, les allées, les places vides encore et