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ment que le pauvre diable qui vint cacher dans ces bois impénétrables un chagrin, un remords, un désespoir inguérissable, ou peut-être le simple ennui de vivre.

Voici comment il les avait trouvés. Errant à cheval à travers ces vallons, il rencontra une sorte d’exploitation prospère, des vignes, des champs et une ferme humble mais habitable.

Il entra. Une femme le reçut, âgée de soixante-dix ans environ, une paysanne. Son homme, assis sous un arbre, se leva et vint saluer.

— Il est sourd, dit-elle.

C’était un grand vieillard de quatre-vingts ans, étonnamment fort, droit et beau.

Ils avaient à leur service un valet et une servante. Mon ami, un peu surpris de rencontrer dans ce désert ces êtres singuliers, s’informa d’eux. Ils étaient là depuis fort longtemps : on les respectait beaucoup, et ils passaient pour avoir de l’aisance, une aisance de paysans.

Il revint les voir plusieurs fois et devint peu à peu le confident de la femme. Il lui apportait des