montagnes et bientôt traverse le bourg de Cogolin. Un peu plus loin, je la quitte pour prendre un chemin défoncé qui ressemble à une longue ornière. Une rivière, ou plutôt un grand ruisseau coule à côté, et tous les cent mètres coupe cette ravine, l’inonde, s’éloigne un peu, revient, se trompe encore, quitte son lit et noie la route, puis tombe dans un fossé, s’égare dans un champ de pierres, paraît soudain devenu sage et suit son cours quelque temps ; mais, saisi tout à coup par une brusque fantaisie, il se précipite de nouveau dans le chemin qu’il change en mare, où le cheval enfonce jusqu’au poitrail et la haute voiture jusqu’au coffre.
Plus de maisons ; de place en place une hutte de charbonniers. Les plus pauvres demeurent en des trous. Se figure-t-on que des hommes habitent en des trous, qu’ils vivent là toute l’année, cassant du bois et le brûlant pour en extraire du charbon, mangeant du pain et des oignons, buvant de l’eau et couchant comme les lapins en leurs terriers, au fond d’une étroite caverne