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dresses qui lui viennent aux lèvres, des caresses dans le regard, une envie de lui baiser la main, de toucher l’étoffe de sa robe. Pour lui, les femmes parent le monde et rendent séduisante la vie.

Il aime s’asseoir à leurs pieds pour le seul plaisir d’être là ; il aime rencontrer leur œil, rien que pour y chercher leur pensée fuyante et voilée ; il aime écouter leur voix uniquement parce que c’est une voix de femme.

C’est par elles et pour elles que le Français a appris à causer, et avoir de l’esprit toujours.

Causer, qu’est cela ? Mystère ! C’est l’art de ne jamais paraître ennuyeux, de savoir tout dire avec intérêt, de plaire avec n’importe quoi, de séduire avec rien du tout.

Comment définir ce vif effleurement des choses par les mots, ce jeu de raquette avec des paroles souples, cette espèce de sourire léger des idées que doit être la causerie.

Seul au monde, le Français a de l’esprit, et seul il le goûte et le comprend.