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avec leurs vêtements sales ! Quant au paysan ! Seigneur Dieu ! Allons voir le paysan dans les champs, l’homme souche, noué, long comme une perche, toujours tors, courbé, plus affreux que les types barbares qu’on voit aux musées d’anthropologie.

Et rappelons-nous combien les nègres sont beaux de forme, sinon de face, ces hommes de bronze, grands et souples, combien les Arabes sont élégants de tournure et de figure !

D’ailleurs, j’ai, pour une autre raison encore, l’horreur des foules.

Je ne puis entrer dans un théâtre ni assister à une fête publique. J’y éprouve aussitôt un malaise bizarre, insoutenable, un énervement affreux comme si je luttais de toute ma force contre une influence irrésistible et mystérieuse. Et je lutte en effet contre l’âme de la foule qui essaie de pénétrer en moi.

Que de fois j’ai constaté que l’intelligence s’agrandit et s’élève, dès qu’on vit seul, qu’elle s’amoindrit et s’abaisse dès qu’on se mêle de