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rielle du monde, la vie qui parcourt les astres et dont le secret est notre immense tourment.

Raymond disait :

— Nous aurons vent d’est tantôt.

Bernard répondit :

— Je croirais plutôt à un vent d’ouest.

Bernard, le patron, est maigre, souple, remarquablement propre, soigneux et prudent. Barbu jusqu’aux yeux, il a le regard bon et la voix bonne. C’est un dévoué et un franc. Mais tout l’inquiète en mer, la houle rencontrée soudain et qui annonce de la brise au large, le nuage allongé sur l’Esterel, qui révèle du mistral dans l’ouest, et même le baromètre qui monte, car il peut indiquer une bourrasque de l’Est. Excellent marin d’ailleurs, il surveille tout sans cesse et pousse la propreté jusqu’à frotter les cuivres dès qu’une goutte d’eau les atteint.

Raymond, son beau-frère, est un fort gars, brun et moustachu, infatigable, et hardi, aussi franc et dévoué que l’autre, mais moins mobile