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Les flamants roses s’envolent des marais sur le ciel rose ; et je pousserais des cris de délire, noyé dans la roseur illimitée du monde.

Je ne verrais plus, le long des trottoirs assourdi par le bruit dur des fiacres sur les pavés, des hommes vêtus de noir, assis sur des chaises incommodes, boire l’absinthe en parlant d’affaires.

J’ignorerais le cours de la Bourse, les événements politiques, les changements de ministère, toutes les inutiles bêtises où nous gaspillons notre courte et trompeuse existence. Pourquoi ces peines, ces souffrances, ces luttes ? Je me reposerais à l’abri du vent dans ma somptueuse et claire demeure.

J’aurais quatre ou cinq épouses en des appartements discrets et sourds, cinq épouses venues des cinq parties du monde et qui m’apporteraient la saveur de la beauté féminine épanouie dans toutes les races.


Le rêve ailé flottait devant mes yeux fermés, dans mon esprit qui s’apaisait, quand j’entendis