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Voici presque un champ d’aloës fleuris. Les plantes monstrueuses poussent vers le ciel leur gerbe colossale épanouie à peine deux fois par siècle et qui, selon les poëtes, ces farceurs, éclosent en des coups de tonnerre. Voici, hautes comme des arbres, des végétations étranges, hérissées, pareilles à des serpents, et des palmiers séculaires.

Et j’entre dans l’enceinte du vaste château, semblable à un chaos de rocs éboulés.

Tout à coup, sous mes pieds, s’ouvre un étroit escalier qui s’enfonce sous terre ; j’y descends et je pénètre bientôt dans une espèce de citerne, dans un lieu sombre et voûté, avec de l’eau claire et glacée, là-bas, au fond, dans un creux du sol.

Mais quelqu’un se dresse, recule devant moi, et, dans les demi-ténèbres de ce puits, je reconnais la grande femme aperçue la veille et le matin. Puis quelque chose de blanc semble passer sur sa face, et j’entends comme un sanglot. Elle pleurait, là, toute seule.