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connue sous le nom de « massif des Maures ». Sa vraie capitale est Saint-Tropez, plantée à l’extrémité de cette terre perdue, au bord du golfe de Grimaud, le plus beau des côtes de France.

À peine quelques villages semés de place en place dans toute cette région que la voie de fer évite par un énorme circuit. Deux routes seulement y pénètrent, s’aventurent par ces vallées sans un toit, par ces grandes forêts de pins où pullulent, dit-on, les sangliers. Il faut franchir ces torrents à gué, et on peut marcher des jours entiers dans les ravins et sur les cimes sans apercevoir une masure, un homme ou une bête ; mais on y foule des fleurs sauvages superbes comme celles des jardins.

Et c’est là que je rencontrai la plus singulière et la plus sinistre voyageuse qu’il m’ait été donné de voir.



Je l’avais aperçue d’abord sur le pont du petit bâtiment qui va de Saint-Raphaël à Saint-Tropez.