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encore un enfant. Il se nomme Paul Hervieu et sera connu bientôt.

« Diogène le Chien », qu’il vient de publier, nous montre un esprit des plus curieux, tranchant, un peu froid, armé d’une ironie sèche, cinglante, qui nous promet des livres exquis, railleurs, avec ces dessous de gai mépris qui mettent tant de profondeur dans les mots.



Pâle et triste à donner le spleen, maigre comme un séminariste, chevelu comme un barde et regardant la vie avec des yeux désespérés, jugeant tout lamentable et désolant, imprégné de mélancolie allemande, de cette mélancolie rêveuse, poétique, sentimentale, des peuples philosophants, dépaysé dans l’existence vive, rieuse, ironique et bataillante de Paris, Édouard Rod, un des familiers d’Émile Zola, erre par les rues avec des airs de désolation.

Grandi parmi les protestants, il excelle à peindre leurs mœurs froides, leur sécheresse, leurs croyances étriquées, leurs allures prêcheuses. Comme Ferdinand Fabre racontant les prêtres de campagne, il semble se faire une spécialité de ces