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Il a son peuple au long des poteries
Et règne en paix sur ces magots poupins
Qui vont cueillant des pivoines fleuries
Aux buissons bleus des paysages peints.


N’est-ce point d’une grâce adorable et d’un inimitable joli ?

Louis Bouilhet était avant tout un artiste en rythmes. Les poètes d’aujourd’hui sont d’abord des artistes en rimes.

Je vais tâcher de me faire comprendre, sans être sûr d’y parvenir. Les ouvriers « du métier » peuvent seuls apprécier bien nettement ces subtiles questions d’art, et saisir au premier coup d’œil la valeur vraie d’une œuvre poétique.

La qualité maîtresse de Bouilhet, c’est le rythme. Il savait comme personne forger les grands vers sonores et leur donner juste le degré de sonorité que comportait la pensée représentée par les mots. Les mots, outre leur valeur propre, prennent une valeur changeante, essentielle, selon la place qu’ils occupent, selon mille circonstances de voisinage, d’influences, de