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blaient pareilles à ses actes ; il les indiquait, les promettait, les esquissait, les suggérait, mais ne les énonçait pas.

Sa plus grande préoccupation dans la vie semblait être d’ailleurs la préparation des sirops et des liqueurs. « Avec un bon sirop ou une bonne liqueur, on fait fortune », disait-il souvent.

Il avait inventé des centaines de préparations sucrées sans parvenir à en lancer une seule. Pierre affirmait que Marowsko le faisait penser à Marat.

Deux petits verres furent pris dans l’arrière-boutique et apportés sur la planche aux préparations ; puis les deux hommes examinèrent en l’élevant vers le gaz la coloration du liquide.

— Joli rubis ! déclara Pierre.

— N’est-ce pas ?

La vieille tête de perroquet du Polonais semblait ravie.

Le docteur goûta, savoura, réfléchit, goûta de nouveau, réfléchit encore et se prononça :

— Très bon, très bon, et très neuf comme saveur ; une trouvaille, mon cher !