Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quelque chose d’enfantin, un zézaiement et des intonations de jeune être qui commence à prononcer.

Pierre s’assit et Marowsko demanda :

— Quoi de neuf, mon cher docteur ?

— Rien. Toujours la même chose partout.

— Vous n’avez pas l’air gai, ce soir.

— Je ne le suis pas souvent.

— Allons, allons, il faut secouer cela. Voulez-vous un verre de liqueur ?

— Oui, je veux bien.

— Alors je vais vous faire goûter une préparation nouvelle. Voilà deux mois que je cherche à tirer quelque chose de la groseille, dont on n’a fait jusqu’ici que du sirop… eh bien ! j’ai trouvé… j’ai trouvé… une bonne liqueur, très bonne, très bonne.

Et ravi, il alla vers une armoire, l’ouvrit et choisit une fiole qu’il apporta. Il remuait et agissait par gestes courts, jamais complets, jamais il n’allongeait le bras tout à fait, n’ouvrait toutes grandes les jambes, ne faisait un mouvement entier et définitif. Ses idées sem-