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Tout le monde enfin sortit de la chambre et remonta sur le pont encombré de public, de porteurs de paquets et de marins.

La vapeur ronflait dans le ventre énorme du navire qui semblait frémir d’impatience.

— Adieu, dit Roland toujours pressé.

— Adieu, répondit Pierre debout au bord d’un des petits ponts de bois qui faisaient communiquer la Lorraine avec le quai.

Il serra de nouveau toutes les mains et sa famille s’éloigna.

— Vite, vite, en voiture ! criait le père.

Un fiacre les attendait qui les conduisit à l’avant-port où Papagris tenait la Perle toute prête à prendre le large.

Il n’y avait aucun souffle d’air ; c’était un de ces jours secs et calmes d’automne, où la mer polie semble froide et dure comme de l’acier.

Jean saisit un aviron, le matelot borda l’autre et ils se mirent à ramer. Sur le brise-lames, sur les jetées, jusque sur les parapets de granit, une foule innombrable, remuante et bruyante, attendait la Lorraine.