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sa femme n’eût aucune envie de le connaître puisque leur fils allait s’embarquer dessus.

Pierre ne vécut guère dans sa famille pendant les jours qui suivirent. Il était nerveux, irritable, dur, et sa parole brutale semblait fouetter tout le monde. Mais la veille de son départ il parut soudain très changé, très adouci. Il demanda, au moment d’embrasser ses parents avant d’aller coucher à bord pour la première fois :

— Vous viendrez me dire adieu, demain sur le bateau ?

Roland s’écria :

— Mais oui, mais oui, parbleu. N’est-ce pas, Louise ?

— Mais certainement, dit-elle tout bas.

Pierre reprit :

— Nous partons à onze heures juste. Il faut être là-bas à neuf heures et demie au plus tard.

— Tiens ! s’écria son père, une idée. En te quittant nous courrons bien vite nous embarquer sur la Perle afin de t’attendre hors des