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triste, si suppliante des pauvres chiens battus qui demandent grâce.

Le 1er  octobre, la Lorraine, venant de Saint-Nazaire, entra au port du Havre, pour en repartir le 7 du même mois à destination de New-York ; et Pierre Roland dut prendre possession de la petite cabine flottante où serait désormais emprisonnée sa vie.

Le lendemain, comme il sortait, il rencontra dans l’escalier sa mère qui l’attendait et qui murmura d’une voix à peine intelligible.

— Tu ne veux pas que je t’aide à t’installer sur ce bateau ?

— Non, merci, tout est fini.

Elle murmura :

— Je désire tant voir ta chambrette.

— Ce n’est pas la peine. C’est très laid et très petit.

Il passa, la laissant atterrée, appuyée au mur, et la face blême.

Or Roland, qui visita la Lorraine ce jour-là même, ne parla pendant le dîner que de ce magnifique navire et s’étonna beaucoup que