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anxieux demandait au cadet ce qu’il allait faire.

— On t’attend.

— Ah ! est-ce que… est-ce que notre mère est en bas ?…

— Oui, c’est même elle qui m’a envoyé te chercher.

— Ah ! alors… je descends.

Devant la porte de la salle il hésita à se montrer le premier ; puis il l’ouvrit d’un geste saccadé, et il aperçut son père et sa mère assis à table, face à face.

Il s’approcha d’elle d’abord sans lever les yeux, sans prononcer un mot, et s’étant penché il lui tendit son front à baiser comme il faisait depuis quelque temps, au lieu de l’embrasser sur les joues comme jadis. Il devina qu’elle approchait sa bouche, mais il ne sentit point les lèvres sur sa peau, et il se redressa, le cœur battant, après ce simulacre de caresse.

Il se demandait : « Que se sont-ils dit, après mon départ ? »

Jean répétait avec tendresse « mère » et « chère maman », prenait soin d’elle, la ser-