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plus revu, jamais il n’est venu… Il promettait dans toutes ses lettres !… Je l’attendais toujours !… et je ne l’ai plus revu !… et voilà qu’il est mort !… Mais il nous aimait encore puisqu’il a pensé à toi. Moi je l’aimerai jusqu’à mon dernier soupir, et je ne le renierai jamais, et je t’aime parce que tu es son enfant, et je ne pourrais pas avoir honte de lui devant toi ! Comprends-tu ? je ne pourrais pas ! Si tu veux que je reste, il faut que tu acceptes d’être son fils et que nous parlions de lui quelquefois, et que tu l’aimes un peu, et que nous pensions à lui quand nous nous regarderons. Si tu ne veux pas, si tu ne peux pas, adieu, mon petit, il est impossible que nous restions ensemble maintenant ! je ferai ce que tu décideras.

Jean répondit d’une voix douce :

— Reste, maman.

Elle le serra dans ses bras et se remit à pleurer ; puis elle reprit, la joue contre sa joue :

— Oui, mais Pierre ? Qu’allons-nous devenir avec lui !