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dans le regard, dans les nerfs, jusque dans le fond de la chair, certaines paroles, certains cris de souffrance, des intonations et des gestes de Pierre, si douloureux qu’ils étaient irrésistibles, aussi irrécusables que la certitude.

Il demeurait trop écrasé pour faire un mouvement ou pour avoir une volonté. Sa détresse devenait intolérable ; et il sentait que, derrière la porte, sa mère était là qui avait tout entendu et qui attendait.

Que faisait-elle ? Pas un mouvement, pas un frisson, pas un souffle, pas un soupir ne révélait la présence d’un être derrière cette planche. Se serait-elle sauvée ? Mais par où ? Si elle s’était sauvée… elle avait donc sauté de la fenêtre dans la rue !

Un sursaut de frayeur le souleva, si prompt et si dominateur qu’il enfonça plutôt qu’il n’ouvrit la porte et se jeta dans sa chambre.

Elle semblait vide. Une seule bougie l’éclairait, posée sur la commode.

Jean s’élança vers la fenêtre, elle était fermée, avec les volets clos. Il se retourna, fouil-