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Elle avait la peau brûlante, les battements du sang tumultueux et saccadés. Il murmura :

— En effet, c’est assez sérieux. Il faudra prendre des calmants. Je vais te faire une ordonnance.

Et comme il écrivait, courbé sur son papier, un bruit léger de soupirs pressés, de suffocation, de souffles courts et retenus, le fit se retourner soudain.

Elle pleurait, les deux mains sur la face.

Roland, éperdu, demandait :

— Louise, Louise, qu’est-ce que tu as ? mais qu’est-ce que tu as donc ?

Elle ne répondait pas et semblait déchirée par un chagrin horrible et profond.

Son mari voulut prendre ses mains et les ôter de son visage. Elle résista, répétant :

— Non, non, non.

Il se tourna vers son fils.

— Mais qu’est-ce qu’elle a ? Je ne l’ai jamais vue ainsi.

— Ce n’est rien, dit Pierre, une petite crise de nerfs.