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Et puis après… après… oh ! mon Dieu… après ?…

Il avait aimé et caressé le premier enfant, l’enfant du bijoutier, jusqu’à la naissance de l’autre, puis il était demeuré impénétrable jusqu’à la mort, puis, son tombeau fermé, sa chair décomposée, son nom effacé des noms vivants, tout son être disparu pour toujours, n’ayant plus rien à ménager, à redouter et à cacher, il avait donné toute sa fortune au deuxième enfant !… Pourquoi ?… Cet homme était intelligent… il avait dû comprendre et prévoir qu’il pouvait, qu’il allait presque infailliblement laisser supposer que cet enfant était à lui. — Donc il déshonorait une femme ? Comment aurait-il fait cela si Jean n’était point son fils ?

Et soudain un souvenir précis, terrible, traversa l’âme de Pierre. Maréchal avait été blond, blond comme Jean. Il se rappelait maintenant un petit portrait miniature vu autrefois, à Paris, sur la cheminée de leur salon, et disparu à présent. Où était-il ? Perdu, ou caché ! Oh !