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deux, qui avaient pris, depuis bien longtemps sans doute, l’habitude de dire « monsieur Pierre » et « monsieur Jean ».

Maréchal tendait ses deux mains aux jeunes gens, la droite à l’un, la gauche à l’autre, au hasard de leur entrée.

— Bonjour, mes enfants, disait-il, avez-vous des nouvelles de vos parents ? Quant à moi, ils ne m’écrivent jamais.

On causait, doucement et familièrement, de choses ordinaires. Rien de hors ligne dans l’esprit de cet homme, mais beaucoup d’aménité, de charme et de grâce. C’était certainement pour eux un bon ami, un de ces bons amis auxquels on ne songe guère parce qu’on les sent très sûrs.

Maintenant les souvenirs affluaient dans l’esprit de Pierre. Le voyant soucieux plusieurs fois, et devinant sa pauvreté d’étudiant, Maréchal lui avait offert et prêté, spontanément, de l’argent, quelques centaines de francs peut-être, oubliées par l’un et par l’autre et jamais rendues. Donc cet homme l’aimait tou-