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soir, sur la chaise de paille au seuil de la boutique, le long du trottoir que baigne le ruisseau tari comme une simple rivière. Ils lèvent parfois les yeux vers la bande de ciel aperçue entre les toits, et ils regardent les traînées de pourpre que jette sur l’azur pâli le grand soleil qui se couche, là-bas, dans les campagnes vertes. Puis ce dernier flamboiement du jour s’éteint ; les étoiles à leur tour s’allument dans la ligne noire tracée par les murs de la rue ; on dirait une écharpe d’Orient constellée d’or. Les prisonniers de la ville regardent encore là-haut comme pour aspirer un peu de l’air frais des soirs, de cet air limpide et léger qui glisse dans les feuilles, à la nuit tombée.

Mais l’égout, l’égout du coin, souffle son haleine empestée, exhale les puanteurs violentes des fosses mêlées à la senteur plus fade et non moins odieuse des eaux charriées par les ruisseaux, des eaux de rue et de vaisselle.

Paris devient la cuve d’infection qu’il