L’autre, prudent, ne répondit rien.
Le paysan reprit :
— Hein ! chent francs ?
Alors le vagabond se décida et murmura :
— Fouchtra, quo sé damando pas !
— Eh bien ! mon païré, v’là ché qui faut faire.
Et il lui expliqua longuement, avec des malices, des sous-entendus et des répétitions sans nombre, que s’il consentait à prendre un bain d’une heure, tous les jours, de dix à onze, dans un trou qu’ils creuseraient, Colosse et lui, à côté de sa source, et à être guéri au bout d’un mois, ils lui donneraient cent francs en écus d’argent.
Le paralytique écoutait d’un air stupide, puis il dit :
— Pichque tous les drougures n’ont pas pu me guori, ch’est pas votre eau qui l’pourra.
Mais Colosse se fâcha tout à coup.
— Allons, vieux farcheur, tu chais, j’la connais, ta maladie, moi, on ne me la conte pas. Qué que tu faisais, lundi dernier, dans l’bois de Comberombe, à onze heures de nuit ?
Le vieux répondit vivement :
— Ché pas vrai.
Mais Colosse s’animant :
— Ché pas vrai, bougrrre, que t’as chauté pardechus le foché à Jean Mannezat et que t’es parti par le creux Poulin ?
L’autre répéta avec énergie :
— Ché pas vrai !
— Ché pas vrai que je t’ai crié : « Ohé, Cloviche, les gendarmes », et que t’as tourné par la chente du Moulinet ?