petit qui soufflait comme une chaudière crevée, M. Au bry-Pasteur, ancien ingénieur des mines, qui avait fait fortune en Russie.
Le marquis et lui s’étaient liés. Il s’assit à grand peine avec des mouvements préparatoires, circonspects et prudents, qui amusèrent beaucoup Christiane. Gontran s’était éloigné pour voir les figures des autres curieux venus, comme eux, sur la butte.
Paul Brétigny indiquait à Christiane Andermatt les pays aperçus au loin. C’était Riom d’abord qui faisait une tache rouge, une tache de tuiles dans la plaine ; puis Ennezat, Maringues, Lezoux, une foule de villages à peine distincts, qui marquaient seulement d’un petit trou sombre la nappe interrompue de verdure, et là-bas, tout là-bas, au pied des montagnes du Forez, il prétendit lui faire distinguer Thiers.
Il disait, s’animant :
— Tenez, tenez, devant mon doigt, juste devant mon doigt. Je vois très bien, moi.
Elle ne voyait rien, elle, mais elle ne s’étonna pas qu’il vît, car il regardait comme les oiseaux de proie, avec ses yeux ronds et fixes, qu’on sentait puissants comme des lunettes marines.
Il reprit :
— L’Allier coule devant nous, au milieu de cette plaine, mais il est impossible de l’apercevoir. Il est trop loin, à trente kilomètres d’ici.
Elle ne cherchait guère à découvrir ce qu’il indiquait, car elle attachait sur le morne tout son regard et toute sa pensée. Elle se disait que, tout à l’heure, cette grosse pierre n’existerait plus, qu’elle s’envolerait en poudre, et elle se sentait prise d’une vague