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l’autre versant du coteau, sur une pente de gazon, à côté d’un bosquet de petits arbres, où une trentaine de personnes attendaient déjà, étrangers et paysans mêlés.

Sous leurs pieds, la côte rapide descendait jusqu’à la route de Riom, ombragée par les saules abritant sa mince rivière ; et, au milieu d’une vigne au bord de ce ruisseau, s’élevait une roche pointue que deux hommes agenouillés à son pied semblaient prier. C’était le morne.

Les Oriol, père et fils, attachaient la mèche. Sur la route une foule curieuse regardait, précédée par une ligne plus basse et agitée de gamins.

Le docteur Honorat avait choisi une place commode pour Christiane, qui s’assit, le cœur battant, comme si elle allait voir sauter avec la roche toute cette population. Le marquis, Andermatt et Paul Brétigny se couchèrent sur l’herbe à côté de la jeune femme, tandis que Gontran restait debout. Il dit, d’un ton blagueur :

— Mon cher docteur, vous êtes donc beaucoup moins pris que vos confrères qui n’ont certes pas une heure à perdre pour venir à cette petite fête ?

Honorat répondit avec bonhomie :

— Je ne suis pas moins occupé ; seulement mes malades m’occupent moins… Et puis, j’aime mieux distraire mes clients que les droguer.

Il avait un air sournois qui plaisait beaucoup à Gontran.

D’autres personnes arrivaient, des voisins de table d’hôte, les dames Paille, deux veuves, la mère et la fille, les Monécu père et fille, et un gros homme tout