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mont-oriol

M. Brétigny y sera ?

— Oui, oui. Il m’a promis d’y venir. Tout le conseil y sera. Au point de vue médical, c’est fort curieux.

— Eh bien, dit-elle, comme je serai, moi, justement levée à ce moment-là, tu prieras M. Brétigny de me venir voir. Il me tiendra compagnie pendant que vous regarderez l’expérience.

— Oui, ma chérie.

— Tu n’oublieras pas ?

— Non, non, sois tranquille.

Et il s’en alla à la recherche de spectateurs.

Après avoir été joué par les Oriol, lors du premier traitement du paralytique, il avait à son tour joué de la crédulité des malades, si facile à conquérir quand il s’agit de guérison, et maintenant il se jouait à lui-même la comédie de cette cure, en parlait si souvent, avec tant d’ardeur et de conviction, qu’il lui eût été bien difficile de discerner s’il y croyait ou s’il n’y croyait pas.

Vers trois heures, toutes les personnes qu’il avait racolées se trouvaient réunies devant la porte de l’Établissement, attendant la venue du père Clovis. Il arriva, appuyé sur deux cannes, traînant toujours les jambes et saluant avec politesse tout le monde : sur son passage.

Les deux Oriol le suivaient avec les deux jeunes filles. Paul et Gontran accompagnaient leurs fiancées.

Dans la grande salle où étaient installés les instruments articulés, le docteur Latonne attendait, en causant avec Andermatt et avec le docteur Honorat.

Quand il aperçut le père Clovis, un sourire de joie passa sur ses lèvres rasées. Il demanda :