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un grand danger inconnu. Et elle était jalouse dans le vide, jalouse de tout, des femmes qu’elle voyait passer de sa fenêtre et qu’elle trouvait charmantes, sans même savoir si Brétigny leur avait jamais parlé.

Elle lui demandait :

— Avez-vous remarqué une très jolie personne, une brune, assez grande que j’ai aperçue tantôt et qui a dû arriver ces jours-ci ?

Quand il répondait : « Non. Je ne la connais pas », elle soupçonnait aussitôt un mensonge, pâlissait et reprenait :

— Mais ce n’est pas possible que vous ne l’ayez point vue, elle m’a paru fort belle.

Lui, s’étonnait de son insistance.

— Je vous assure que je ne l’ai point vue. Je tâcherai de la rencontrer.

Elle pensait : « C’est celle-là assurément. » Elle était persuadée aussi, en certains jours, qu’il cachait une liaison dans le pays, qu’il avait fait venir une maîtresse, son actrice, peut-être. Et elle interrogeait tout le monde, son père, son frère et son mari, sur toutes les femmes jeunes et désirables qu’on connaissait dans Enval.

Si au moins elle avait pu marcher, chercher elle même, le suivre, elle se serait un peu rassurée ; mais l’immobilité presque absolue qu’il lui fallait garder maintenant lui faisait endurer un intolérable martyre. Et quand elle parlait à Paul, le ton seul de sa voix révélait sa douleur et avivait chez lui les impatiences nerveuses de cet amour fini.

Il ne pouvait plus causer tranquillement avec elle que d’une chose, du prochain mariage de Gontran, ce