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dans leurs chambres. Petrus Martel surveillait ses garçons, criait : « Un kummel, une fine, une anisette », de la même voix roulante et profonde qu’il prendrait, une heure plus tard, pour diriger la répétition et donner le ton à la jeune première.

Andermatt s’arrêta quelques instants à causer avec les deux jeunes gens, puis il reprit sa promenade aux côtés de l’inspecteur.

Gontran, les jambes croisés, les bras croisés, renversé sur sa chaise, la nuque appuyée au dossier, les yeux et le cigare au ciel, fumait, plongé dans un bonheur parfait.

Tout à coup, il demanda :

— Veux-tu faire un tour, tout à l’heure, au vallon de Sans-Souci ? Les petites y seront.

Paul hésita, puis, après quelque réflexion :

— Oui, je le veux bien.

Puis il ajouta :

— Ça va, ton affaire ?

— Parbleu ! Oh ! je la tiens : elle n’échappera pas, à présent.

Gontran avait pris maintenant son ami pour confident, et lui contait, jour par jour, ses progrès et ses avantages. Il le faisait même assister, en complice, à ses rendez-vous, car il avait obtenu, d’une façon fort ingénieuse, des rendez-vous de Louise Oriol.

Après la promenade au puy de la Nugère, Christiane, mettant fin aux excursions, ne sortait plus guère et rendait difficiles les rencontres.

Le frère, troublé d’abord par cette attitude de sa sœur, avait cherché les moyens de se tirer de cet embarras.