Page:Maupassant - Mont-Oriol, Ollendorff, 1905.djvu/312

Cette page a été validée par deux contributeurs.
306
mont-oriol

pensable, cela ! Il faut que la température d’une station thermale soit meilleure, moins variable, plus régulièrement tempérée que celle des stations voisines et rivales. Vous prendrez un abonnement au Bulletin météorologique dans les principaux organes de l’opinion, et j’enverrai tous les soirs, par télégraphe, la situation atmosphérique. Je la ferai telle que la moyenne constatée en fin d’année soit supérieure aux meilleures moyennes des environs. La première chose qui nous saute aux yeux, en ouvrant les grands journaux, c’est la température de Vichy, de Royat, du Mont-Dore, de Châtel-Guyon, etc., etc., pendant la saison d’été, et, pendant la saison d’hiver, la température de Cannes, Menton, Nice, Saint-Raphaël. Il doit faire toujours chaud et toujours beau, dans ces pays-là, mon cher directeur, afin que le Parisien se dise : « Christi, ont-ils de la chance, ceux qui vont là-bas ! »

Andermatt s’écria :

— Sacrebleu ! vous avez raison. Comment, je n’ai pas pensé à cela ? Je vais m’en occuper aujourd’hui même. En fait de choses utiles, avez-vous écrit aux professeurs de Larenard et Pascalis ? En voilà deux que je voudrais bien avoir ici.

— Inabordables, mon cher président… à moins… à moins qu’ils ne s’assurent par eux-mêmes, après beaucoup d’expériences, que nos eaux sont excellentes… Mais auprès d’eux vous ne ferez rien par persuasion… anticipée.

Ils passaient devant Paul et Gontran, venus pour prendre le café après leur déjeuner. D’autres baigneurs arrivaient, des hommes surtout, car les femmes, en sortant de table, montent toujours une heure ou deux