— Mon gendre a une lettre de recommandation pour le docteur Latonne. Moi, je n’ai confiance qu’en vous, et je vous prie de vouloir bien monter jusqu’à l’hôtel, avant… vous comprenez… J’ai mieux aimé vous dire les choses franchement… Êtes-vous libre, à présent ?
Le docteur Bonnefille s’était couvert, très ému, très inquiet. Il répondit aussitôt :
— Oui, je suis libre, tout de suite. Voulez-vous que je vous accompagne ?
— Mais certainement.
Et, tournant le dos à l’établissement, ils montèrent à pas rapides une allée arrondie qui conduisait à la porte du Splendid Hotel construit sur la pente de la montagne pour offrir de la vue aux voyageurs.
Au premier étage, ils pénétrèrent dans le salon attenant aux chambres des familles de Ravenel et Andermatt ; et le marquis laissa seul le médecin pour aller chercher sa fille.
Il revint avec elle presque aussitôt. C’était une jeune femme blonde, petite, pâle, très jolie, dont les traits semblaient d’une enfant, tandis que l’œil bleu, hardiment fixé, jetait aux gens un regard résolu qui donnait un attrait charmant de fermeté et un singulier caractère à cette mignonne et fine personne. Elle n’avait pas grand’chose, de vagues malaises, des tristesses, des crises de larmes sans cause, des colères sans raison, de l’anémie enfin. Elle désirait surtout un enfant, attendu en vain depuis deux ans qu’elle était mariée. Le docteur Bonnefille affirma que les eaux d’Enval seraient souveraines et écrivit aussitôt ses prescriptions.