était longue de ces affections tributaires d’Enval, longue, variée, consolante pour toutes les catégories de malades. La brochure se terminait par des renseignements utiles de vie pratique, prix des logements, des denrées, des hôtels. Car trois hôtels avaient surgi en même temps que l’établissement casino-médical. C’étaient : le Splendid Hotel, tout neuf, construit sur le versant du vallon dominant les bains ; l’hôtel des Thermes, ancienne auberge replâtrée, et l’hôtel Vidaillet, formé tout simplement par l’achat de trois maisons voisines qu’on avait perforées afin d’en faire une seule.
Puis, du même coup, deux médecins nouveaux s’étaient trouvés installés dans le pays, un matin, sans qu’on sût bien comment ils étaient venus, car les médecins, dans les villes d’eaux, semblent sortir des sources, à la façon des bulles de gaz. C’étaient : le docteur Honorat, un Auvergnat, et le docteur Latonne, de Paris. Une haine farouche avait éclaté aussitôt entre le docteur Latonne et le docteur Bonnefille, tandis que le docteur Honorat, gros homme propre et bien rasé, souriant et souple, avait tendu sa main droite au premier, sa main gauche au second, et demeurait en bons termes avec les deux. Mais le docteur Bonnefille dominait la situation par son titre d’Inspecteur des eaux et de l’établissement thermal d’Enval-les-Bains.
Ce titre était sa force, et l’établissement sa chose. Il y passait ses jours, on disait même ses nuits. Cent fois dans la matinée il allait de sa maison, toute proche dans le village, à son cabinet de consultation installé à droite, à l’entrée du couloir. Embusqué là comme une araignée dans sa toile, il guettait les allées et