Page:Maupassant - Mont-Oriol, Ollendorff, 1905.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.
103
mont-oriol

les bains, la faisant mieux portante, la débarrassant des légers troubles des organes qui gênent et attristent
sans cause sensible, la disposaient-ils à mieux percevoir, à mieux goûter toutes choses. Peut-être se sentait-elle simplement animée, fouettée par la présence et l’ardeur d’esprit de ce garçon inconnu qui lui apprenait à com­prendre.

Elle respirait par grands souffles prolongés en songeant à tout ce qu’il avait dit sur les parfums errant dans le vent. « C’est vrai, pensait-elle, qu’il m’a enseigné à sentir l’air. » Et elle retrouvait toutes les odeurs, celle de la vigne surtout, si légère, si fine, si fuyante.

Elle atteignit la route, et des groupes se formèrent. Andermatt et Louise Oriol, l’aînée, partirent en avant en causant du rendement des terres en Auvergne. Elle savait, cette Auvergnate, vraie fille de son père, douée de l’instinct héréditaire, tous les détails précis et pratiques de la culture ; et elle les disait de sa voix sage.