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par l’acuité vibrante de ses émotions. Il savait leur parler, tout leur dire, et il leur faisait tout comprendre. Incapable d’un effort continu, mais intelligent à l’extrême, aimant toujours ou détestant avec passion, parlant de tout avec une fougue naïve d’homme frénétiquement convaincu, aussi changeant qu’il était enthousiaste, il avait à l’excès le vrai tempérament des femmes, leur crédulité, leur charme, leur mobilité, leur nervosité, avec l’intelligence supérieure, active, ouverte et pénétrante d’un homme.

Gontran les rejoignit brusquement :

— Retournez-vous, dit-il, et regardez le ménage Honorat.

Ils se retournèrent et aperçurent le docteur Honorat flanqué d’une grosse et vieille dame en robe bleue, dont la tête semblait un jardin de pépiniériste, toutes les variétés de plantes et de fleurs se trouvant réunies sur son chapeau.

Christiane, stupéfaite, demanda :

— C’est sa femme ? mais elle a quinze ans de plus que lui !

— Oui, soixante-cinq ans : une ancienne sage-femme aimée entre deux accouchements. C’est du reste, paraît-il, un de ces ménages où on se cogne du matin au soir.

Ils revenaient vers le Casino, attirés par les clameurs du public. Sur une grande table, devant l’établissement, étaient étalés les lots de la tombola dont Petrus Martel, assisté de Mlle Odelin, de l’Odéon,