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et marmitons des hôtels, au nombre de huit, car une lutte s’était engagée entre les gargotiers qui avaient envestonné de toile, pour impressionner les passants, jusqu’à leurs laveurs de vaisselle. Tous debout, ils recevaient sur leurs toques plates la lumière crue du jour, et présentaient, en même temps, l’aspect d’un état-major bizarre de lanciers blancs et d’une délégation de cuisiniers.

Le marquis demanda au docteur Honorat :

— D’où vient tout ce monde ? Je n’aurais jamais cru Enval aussi peuplé !

— Oh ! On est venu de partout, de Châtel-Guyon, de Tournoël, de La Roche-Pradière, de Saint-Hippolyte. Car voilà longtemps qu’on parle de ça dans le pays ; et puis le père Oriol est une célébrité, un personnage considérable par son influence et par sa fortune, un véritable Auvergnat d’ailleurs, resté paysan, travaillant lui-même, économe, entassant or sur or, intelligent, plein d’idées et de projets pour ses enfants.

Gontran revenait, agité, l’œil brillant. Il dit, à mi-voix :

— Paul, Paul, viens donc avec moi, je vais te montrer deux jolies filles ; oh ! mais gentilles, tu sais !

L’autre leva la tête et répondit :

— Mon cher, je suis très bien ici, je ne bougerai pas.

— Tu as tort. Elles sont charmantes.

Puis, élevant la voix :

— Mais le docteur va me dire qui c’est. Deux fil-