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étaient clos du haut en bas avec des épingles d’or que Christiane portait ordinairement à son corsage. Il s’amusait souvent, autrefois, à les ôter et à les repiquer sur les épaules de sa bien-aimée, ces fines épingles dont la tête était formée d’un croissant de lune. Il comprit ce qu’elle avait voulu ; et une émotion poignante le saisit, le crispa devant cette barrière de points d’or qui le séparait, pour toujours, de cet enfant.

Un cri léger, une plainte frêle s’éleva dans cette prison blanche. Christiane aussitôt balança la nacelle et, d’une voix un peu brusque :

— Je vous demande pardon de vous donner si peu de temps ; mais il faut que je m’occupe de ma fille.

Il se leva, baisa de nouveau la main qu’elle lui tendait, et, comme il allait sortir :

— Je fais des vœux pour votre bonheur, dit-elle.


Antibes, Villa Muterse, 1886.