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Elle fit un grand effort d’énergie et murmura :

— Tu lui diras que je l’approuve tout à fait.

William, avec une ténacité cruelle, reprit :

— Il voulait aussi absolument savoir comment tu appellerais ta fille. J’ai dit que nous hésitions entre Marguerite et Geneviève.

— J’ai changé d’avis, dit-elle. Je veux la nommer Arlette.

Autrefois, aux premiers jours de sa grossesse, elle avait discuté avec Paul le nom qu’ils devaient choisir soit pour un fils, soit pour une fille ; et pour une fille Geneviève et Marguerite les avaient laissés indécis. Elle ne voulait plus de ces deux noms-là.

William répétait :

— Arlette… Arlette… C’est très gentil… tu as raison. Moi, j’aurais voulu l’appeler Christiane, comme toi. J’adore ça… Christiane !

Elle poussa un profond soupir :

— Oh ! cela promet trop de souffrances de porter le nom du Crucifié.

Il rougit, n’ayant point songé à ce rapprochement, et se levant :

— D’ailleurs, Arlette est très gentil. A tout à l’heure, ma chérie.

Dès qu’il fut parti elle appela la nourrice et ordonna que le berceau fût placé désormais contre son lit.

Quand la couche légère en forme de nacelle, toujours balancée, et portant son rideau blanc, comme une voile, sur son mât de cuivre tordu, eut été