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tu me ferais grand plaisir de recevoir : celle du docteur Bonnefille !

Alors elle rit, pour la première fois, d’un rire pâle, resté sur sa lèvre, sans aller jusqu’à l’âme ; et elle demanda :

— Le docteur Bonnefille ? Quel miracle ! Vous êtes donc réconciliés ?

— Mais oui. Écoute : je vais t’annoncer, en grand secret, une grande nouvelle. Je viens d’acheter l’ancien établissement. J’ai tout le pays, maintenant. Hein ! quel triomphe ? Ce pauvre docteur Bonnefille l’a su avant tout le monde, bien entendu. Alors il a été malin ; il est venu prendre de tes nouvelles, tous les jours, en laissant sa carte avec un mot sympathique. Moi, j’ai répondu à ses avances par une visite ; et nous sommes au mieux à présent.

— Qu’il vienne, dit Christiane, quand il voudra. Je serai contente de le recevoir.

— Bon, je te remercie. Je te l’amènerai demain matin. Je n’ai pas besoin de te dire que Paul me charge, sans cesse, de mille compliments pour toi, et s’informe beaucoup de la petite. Il a grande envie de la voir.

Malgré ses résolutions, elle se sentait oppressée. Elle put dire cependant :

— Tu le remercieras pour moi.

Andermatt reprit :

— Il était très inquiet de savoir si on t’avait annoncé son mariage. Je lui ai répondu oui ; alors il m’a demandé plusieurs fois ce que tu en pensais ?