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aiguë, si forte qu’elle devait percer tous les murs :

— Non… non… jamais !… qu’il ne vienne jamais… tu entends… jamais !…

Et puis, ne sachant plus ce qu’elle disait et désignant, de son bras tendu, Mme Honorat debout au milieu de la chambre :

— Elle non plus… chasse-la… je ne veux pas la voir… chasse-la !…

Alors il s’élança vers sa femme, la prit dans ses bras, lui baisa le front :

— Ma petite Christiane, calme-toi… Qu’est-ce que tu as ?… mais calme-toi donc !

Elle ne pouvait plus parler. Les larmes lui jaillissaient des yeux :

— Fais-les partir tous, dit-elle, et reste seul avec moi.

Il courut, éperdu, vers la femme du médecin, et la poussant doucement vers la porte :

— Laissez-nous quelques instants, je vous prie, c’est la fièvre, la fièvre de lait. Je vais la calmer. Je vous retrouverai tout à l’heure.

Quand il retourna vers le lit, Christiane s’était recouchée et pleurait d’une façon continue, sans secousses, anéantie. Et pour la première fois de sa vie, il se mit à pleurer aussi.

En effet, la fièvre de lait se déclara dans la nuit, et le délire survint.

Après quelques heures d’agitation extrême, l’accouchée se mit tout à coup à parler.

Le marquis et Andermatt, qui avaient voulu