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un médecin, puis, satisfaite des réponses, déclara : « Allons, allons, ça va bien. » Alors elle ôta son chapeau, ses gants, son châle, et se tournant vers la garde :

— Vous pouvez vous en aller, ma fille. Vous viendrez si on vous sonne.

Christiane, soulevée déjà de répugnance, dit à son man :

— Donne-moi un peu ma fille.

Comme la veille, William apporta l’enfant en l’embrassant avec tendresse, et le posa sur l’oreiller. Et, comme la veille aussi, en sentant contre sa joue, à travers les étoffes, la chaleur de ce corps inconnu, emprisonné dans les linges, elle fut pénétrée soudain par un calme bienfaisant.

Tout à coup la petite se mit à crier, elle pleurait d’une voix grêle et perçante : « Elle veut le sein », dit Andermatt. Il sonna, et la nourrice parut, une énorme femme rouge, avec une bouche d’ogresse, pleine de dents larges et luisantes qui firent presque peur à Christiane. Et de son corsage ouvert elle tira une pesante mamelle, molle et lourde de lait comme celles qui pendent sous le ventre des vaches. Et quand Christiane vit sa fille boire à cette gourde charnue elle eut envie de la saisir, de la reprendre, un peu jalouse et dégoûtée.

Mme Honorat maintenant donnait des conseils à la nourrice, qui s’en alla, emportant l’enfant.

Andermatt à son tour sortit. Les deux femmes restèrent seules.