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le docteur Black venait d’arriver chez la princesse ; et le marquis sortit aussitôt afin de le saisir au passage.

Il exposa au médecin la situation, l’embarras de son gendre et le désir de sa fille, et il l’emmena sans résistance.

Dès que le petit homme à grosse tête fut entré dans la chambre de Christiane :

— Papa, laisse-nous, dit-elle.

Et le marquis se retira. Alors, elle énuméra ses inquiétudes, ses terreurs, ses cauchemars, d’une voix basse et douce, comme si elle se fût confessée. Et le médecin l’écoutait comme un prêtre, la couvrant parfois de ses gros yeux ronds, prouvait son attention par un petit signe de tête, murmurant un : « C’est cela » qui semblait dire : « Je connais votre cas sur le bout du doigt et je vous guérirai quand je voudrai. »

Lorsqu’elle eut fini de parler, il se mit à son tour à l’interroger avec une extrême minutie de détails sur sa vie, sur ses habitudes, sur son régime, sur son traitement. Tantôt il paraissait approuver d’un geste, tantôt il blâmait d’un : « Oh ! » plein de réserves. Quand elle en vint à sa grosse peur que l’enfant fût mal placé, il se leva, et, avec une pudeur ecclésiastique, l’effleura de ses mains à travers les couvertures, pois il déclara : « Non, très bien. »

Elle eut envie de l’embrasser. Quel brave homme que ce médecin !

Il prit une feuille de papier sur la table et écrivit