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Le docteur Latonne se releva et, s’adossant à la cheminée tandis qu’Andermatt atterré continuait à marcher, il s’écria :

— Un médecin, Monsieur, un médecin, faire une chose pareille !… un docteur en médecine !… quelle absence de caractère !…

Andermatt, désolé, appréciait les conséquences, les classait et les pesait comme on fait une addition. C’étaient :

1º Le bruit fâcheux se répandant dans les villes d’eaux voisines et jusqu’à Paris. En s’y prenant bien, cependant, peut-être pourrait-on faire servir cet enlèvement comme réclame. Une quinzaine d’échos bien rédigés dans les feuilles à grand tirage attireraient fortement l’attention sur Mont-Oriol ;

2º Le départ du professeur Cloche, perte irréparable ;

3º Le départ de la duchesse et du duc de Ramas-Aldavarra, seconde perte inévitable sans compensation possible.

En somme, le docteur Latonne avait raison. C’était une affreuse catastrophe.

Alors le banquier, se tournant vers le médecin :

— Vous devriez aller tout de suite au Splendid Hotel et rédiger l’acte de décès d’Aubry-Pasteur de façon à ce qu’on ne soupçonne pas une congestion.

Le docteur Latonne reprit son chapeau, puis, au moment de partir :

— Ah ! encore une nouvelle qui court. Est-ce vrai