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— Bon, promène-toi dix minutes, je vais enlever Louise et le Mazelli, et tu trouveras l’autre toute seule en revenant.

Paul Brétigny s’éloigna du côté des gorges d’Enval, cherchant comment il allait commencer cette conversation difficile.

Il retrouva Charlotte Oriol seule, en effet, dans le froid salon, peint à la chaux, de la demeure paternelle ; et il lui dit, en s’asseyant près d’elle :

— C’est moi, Mademoiselle, qui ai prié Gontran de me procurer cette entrevue avec vous.

Elle le regarda de ses yeux clairs :

— Pourquoi donc ?

— Oh ! ce n’est pas pour vous conter des fadeurs à l’italienne, c’est pour vous parler en ami, en ami très dévoué qui vous doit un conseil.

— Dites.

Il prit la chose de loin, s’appuya sur son expérience à lui et sur son inexpérience à elle, pour amener tout doucement des phrases discrètes mais nettes sur les aventuriers qui cherchent partout fortune, exploitant, avec leur habileté professionnelle, tous les êtres naïfs et bons, hommes ou femmes, dont ils exploraient les bourses et les coeurs.

Elle était devenue un peu pâle et l’écoutait, sérieuse, de toutes ses oreilles.

Elle demanda :

— Je comprends et je ne comprends pas. Vous parlez de quelqu’un, de qui ?

— Je parle du docteur Mazelli.