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basse, à Charlotte des choses qui la faisaient sourire, il la vit soudain rougir avec un air si troublé qu’il ne put douter une seconde que l’autre n’eût parlé d’amour. Elle avait baissé les yeux, ne souriait plus, mais écoutait toujours ; et Paul, se sentant prêt à faire un éclat, dit à Gontran :

— Tu serais bien gentil de sortir cinq minutes avec moi.

Le comte s’excusa près de sa fiancée et suivit son ami.

Dès qu’ils furent dans la rue, Paul s’écria :

— Mon cher, il faut à tout prix empêcher ce misérable Italien de séduire cette enfant qui est sans défense contre lui.

— Que veux-tu que j’y fasse, moi ?

— Que tu la préviennes de ce qu’est cet aventurier.

— Hé, mon cher, ces choses-là ne me regardent pas.

— Enfin, elle sera ta belle-soeur.

— Oui, mais rien ne me prouve absolument que Mazelli ait sur elles des vues coupables. Il est galant de la même façon avec toutes les femmes, et il n’a jamais rien fait ou rien dit d’inconvenant.

— Eh bien si tu ne veux pas t’en charger, c’est moi qui l’exécuterai, bien que cela me regarde moins que toi assurément.

— Tu es donc amoureux de Charlotte ?

— Moi ?… non… mais je vois clair dans le jeu de ce gredin.