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fisamment pour me dire, à moi, simple intermédiaire : « Je veux bien », ou : « Je ne veux pas. »

Elle baissa la tête, et, rouge, mais résolue, elle balbutia :

— Je veux bien, Monsieur.

Puis elle s’enfuit si vite qu’elle heurta la porte en passant.

Alors Andermatt se rassit et, se versant un verre de vin à la façon des paysans :

— Maintenant, nous allons causer d’affaires, dit-il.

Et, sans admettre la possibilité même d’une hésitation, il attaqua la question de la dot, en s’appuyant sur les déclarations que le vigneron lui avait faites, trois semaines auparavant. Il évalua à trois cent mille francs, plus des espérances, la fortune actuelle de Gontran et il laissa entendre que si un homme comme le comte de Ravenel consentait à demander la main de la petite Oriol, une très charmante personne d’ailleurs, il était indubitable que la famille de la jeune fille saurait reconnaître cet honneur par un sacrifice d’argent.

Alors le paysan, très déconcerté, mais flatté, presque désarmé, tenta de défendre son bien. La discussion fut longue. Une déclaration d’Andermatt l’avait cependant rendue facile dès le début.

— Nous ne demandons pas d’argent comptant, ni de valeurs, rien que des terres, celles que vous m’avez désignées déjà comme formant la dot de