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Mme Honorat, et oubliez… Vous me le promettez ?

— Je vous le promets.

Elle lui tendit la main.

— J’ai confiance. Je vous crois très honnête, vous !

Ils revinrent. Il la souleva pour traverser le ruisseau, comme il soulevait Christiane, l’année d’avant. Christiane ! Que de fois il était venu avec elle par ce chemin aux jours où il l’adorait. Il pensa, s’étonnant de son changement : « Comme ça a peu duré cette passion-là ! »

Charlotte, posant un doigt sur son bras, murmurait :

— Mme Honorat s’est endormie, asseyons-nous sans faire de bruit.

Mme Honorat dormait en effet, adossée au pin, son mouchoir sur la figure et les mains croisées sur son ventre. Ils s’assirent à quelques pas d’elle, et ne parlèrent point afin de ne pas l’éveiller.

Alors le silence du bois fut si profond qu’il devenait pour eux pénible comme une souffrance. On n’entendait rien que l’eau courant dans les pierres, un peu plus bas, puis, ces imperceptibles frissons de bêtes menues qui passent, ces rumeurs insaisissables de mouches qui volent ou de gros insectes noirs faisant basculer des feuilles mortes.

Où étaient donc Louise et Gontran ? Que faisaient-ils ? Tout à coup on les entendit, très loin ; ils revenaient. Mme Honorat se réveilla et fut surprise :