Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/298

Cette page n’a pas encore été corrigée

Gontran disait des drôleries, plaisantait, riait avec une aisance complète. Il entraîna quelques instants Louise dans l’embrasure d’une fenêtre, sous l’œil agité de Charlotte.

Mme Honorat, qui causait avec Paul, lui dit, d’un ton maternel :

— Ces chers enfants, ils viennent ici s’entretenir quelques minutes. C’est bien innocent, n’est-ce pas, monsieur Brétigny ?

— Oh ! très innocent, Madame.

Quand il revint, elle l’appela familièrement « monsieur Paul », le traitant un peu comme un compère.

Et depuis lors, Gontran racontait avec sa verve gouailleuse toutes les complaisances de la dame, à qui il avait dit, la veille :

— Pourquoi n’allez-vous jamais vous promener avec ces demoiselles, sur la route de Sans-Souci ?

— Mais nous irons, monsieur le Comte, nous irons.

— Demain, vers trois heures, par exemple.

— Demain, vers trois heures, monsieur le Comte.

— Vous êtes tout à fait aimable, madame Honorat.

— A votre service, monsieur le Comte.

Et Gontran expliquait à Paul :

— Tu comprends que dans ce salon je ne puis rien dire d’un peu pressant à l’aînée devant la cadette. Mais dans le bois je pars en avant ou je reste en arrière avec Louise ! Alors tu viens ?