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Il cherchait à bien comprendre, à se rappeler chaque mot, pour en déterminer le sens, et il s’étonnait des détours secrets, inavouables et honteux que peuvent cacher certaines âmes.

Quand Christiane l’interrogea :

— Que vous a répondu Gontran ?

Il balbutia :

— Mon Dieu, il… il préfère l’aînée, à présent… Je crois même qu’il veut l’épouser… Et devant mes reproches un peu vifs il m’a fermé la bouche par des allusions… inquiétantes… pour nous deux.

Christiane s’abattit sur une chaise en murmurant :

— Oh ! mon Dieu !… Mon Dieu !…

Mais comme Gontran justement entrait, car le dîner venait de sonner, il la baisa gaîment au front en demandant :

— Eh bien, petite sœur, comment vas-tu ? N’es-tu point trop fatiguée ?

Puis il serra la main de Paul, et se tournant vers Andermatt venu derrière lui :

— Dites donc, perle des beaux-frères, des maris et des amis, pouvez-vous me dire au juste ce que ça vaut un vieil âne mort, sur une route ?