Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/286

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Voyons, ne plaisante pas. Que comptes-tu faire ?

— Moi ? Rien.

— Voyons, tu t’es avancé avec elle jusqu’à la compromettre. Tu nous disais l’autre jour, à ta sœur et à moi, que tu pensais à l’épouser…

Gontran s’arrêta, et, avec un ton railleur où perçait une menace :

— Ma sœur et toi feriez mieux de ne pas vous occuper des amourettes des autres. Je vous ai dit que cette fille me plaisait assez et que s’il m’arrivait de l’épouser je ferais un acte sage et raisonnable. Voilà tout. Or, il se trouve qu’aujourd’hui l’aînée me plaît davantage ! J’ai changé d’avis. Cela arrive à tout le monde.

Puis, le regardant en pleine figure :

— Qu’est-ce que tu fais, toi, quand une femme cesse de te plaire ? La ménages-tu ?

Surpris, Paul Brétigny cherchait à pénétrer le sens profond, le sens caché de ces paroles. Un peu de fièvre aussi lui montait à la tête ; il dit violemment :

— Encore une fois il ne s’agit ni d’une drôlesse, ni d’une femme mariée, mais d’une jeune fille que tu as trompée, sinon par des promesses, du moins par tes allures. Cela n’est, entends-tu, ni d’un galant homme !… ni d’un honnête homme !…

Gontran, pâle, la voix cassante, l’interrompit :

— Tais-toi !… Tu en as déjà trop dit… et j’en ai trop entendu… A mon tour, si je n’étais pas ton