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sa force sur le rapide versant du grand trou, afin de la retenir, de la soutenir, de lui faire perdre haleine, de l’étourdir et de l’effrayer. Elle, emportée par son élan, essayait de l’arrêter, balbutiait : « Oh ! pas si vite… je vais tomber… mais vous êtes fou… je vais tomber !… »

Ils vinrent heurter les blocs de lave et demeurèrent debout essoufflés tous deux. Puis ils en firent le tour, regardant de larges crevasses formant dessous une sorte de caverne à double issue.

Lorsque le volcan, à bout de vie, avait jeté cette dernière écume, ne pouvant la lancer au ciel comme autrefois, il l’avait crachée, épaissie, à moitié froide, et elle s’était figée sur ses lèvres moribondes.

— Faut entrer là-dessous, dit Gontran.

Et il poussa devant lui la jeune fille. Puis, dès qu’ils furent dans la grotte :

— Eh bien, Mademoiselle, voici le moment de vous faire une déclaration.

Elle fut stupéfaite :

— Une déclaration… à moi !

— Mais oui, en quatre mots : je vous trouve charmante.

— C’est à ma sœur qu’il faut dire ça.

— Oh ! Vous savez bien que je ne fais pas de déclaration à votre soeur.

— Allons donc.

— Voyons, vous ne seriez pas femme si vous n’aviez point compris que je me suis montré galant